Ferrugineux

 

Autant que fer se peut.

S’il les avait connues, Charles Trenet eut certainement accueilli les sculptures-outils de Zoltán Zsakó dans son Jardin extraordinaire Là où les canards parlent anglais et les statuts s’en vont danser sur le gazon…

Celles de Zoltán font mieux encore ! Ce sont des jeux de mots métalliques, des métaphores de fer dans lesquels le coq-poulie, l’oiseau-serpe, la sauterelle-clef anglaise ou le chien-cric constituent une nouvelle race de mutants zoomorphes qui nous parlent.

Car, le saviez-vous ? Il existe des tenailles callipyges, des tournevis priapiques qui, du boulon enjôleur au sourire du sécateur, constituent un univers où le sculpteur marie avec bonheur et fantaisie le vétérinaire et le plombier.

Certes, d’autres avant lui : Picasso ou César pour ne citer que ceux-là, ont aussi pratiqué cet art de la récupération mais jamais me semble-t-il avec un tel évident plaisir, allié à une justesse de la trouvaille formelle. Zoltan, dans cette œuvre, dépassant la simple anecdote, devient une sorte de fabuliste où le chalumeau et la soudure ont remplacé la plume et les alexandrins.
Il capte parfaitement ce qu’un objet usuel, derrière sa banalité quotidienne, recèle de poésie et de mystère insoupçonnés.
Car l’artiste est un passeur de rêves et c’est à son talent que revient le privilège de nous les dévoiler.

Gérard Landrot